Au-delà des projecteurs, le plaidoyer des communautés et la quête d’un véritable changement dans la région africaine


Au cœur du delta du Niger, au Nigeria, le Centre de développement et de ressources pour les femmes de Kebetkache a non seulement défendu avec ferveur les droits des femmes et la justice environnementale pendant plus de vingt ans, mais a également montré au monde que le véritable changement commence souvent loin des projecteurs de la scène internationale. Leur quête incessante de l’égalité des genres et de la justice environnementale a été un phare pour d’innombrables femmes de la région, leur offrant des plateformes pour raconter les dures réalités auxquelles elles sont confrontées en raison des risques environnementaux causés par l’extraction de combustibles fossiles sur leurs territoires.

Alors que la communauté internationale se prépare à la COP28, des mouvements communautaires comme celui de Kebetkache prennent le devant de la scène, rappelant au monde qu’un véritable plaidoyer trouve parfois ses racines en dehors des forums établis. Elles attendent clairement du sommet une représentation substantielle des femmes des communautés de première ligne et un rejet catégorique des fausses solutions, telles que l’introduction néfaste de semences et d’engrais génétiquement modifiés (OGM) qui sont présentés aux petits exploitants agricoles africains comme des solutions au changement climatique.  Faisant écho de leurs sentiments, Kebetkache déclare que : « L’utilisation de semences et d’engrais conventionnels et génétiquement modifiés détruit les plantes et a un effet négatif sur les récoltes ». En particulier, la destruction des terres en Afrique, des moyens de subsistance et des ressources forestières contribue à l’appauvrissement de la biodiversité.  Les pertes et dommages ne devraient pas être présentés comme un acte de charité, car il s’agit en fait d’une question de droits humains. »

L’Alliance mondiale pour l’action verte et l’égalité des sexes (GAGGA), dont Kebetkache est partenaire, s’est ralliée à l’organisation pour se faire l’écho de leurs demandes et promouvoir le changement. Cet effort de collaboration vise à intégrer les réalités locales dans la tapisserie des politiques internationales. 

Pourtant, naviguer sur des plateformes internationales comme la COP n’a pas été sans difficultés pour eux comme pour beaucoup d’autres organisations communautaires. Leurs expériences passées lors des sommets de la COP les ont souvent laissés avec un sentiment de frustration, mis à l’écart et non écouté, ce qui souligne la nécessité de mettre en place des espaces alternes. « La frustration réside dans le fait que ceux qui ont besoin de nous entendre ne sont pas atteignables. Ils ont limité la participation et l’engagement du public dans le cadre de la COP. Une telle discrimination persiste, limitant les voix et les histoires des personnes » déclarent-ils.

C’est dans ce contexte de défis systémiques que notre message « acquérir davantage de pouvoir en dehors de la COP » prend tout son sens. Kebetkache, avec d’autres initiatives communautaires, a coorganisé l’Assemblée des femmes africaines pour le climat, entre le 24 et le 28 septembre 2023, dans le cadre de la Contre-COP des peuples africains. L’assemblée, qui offre un espace alternatif, inclusif et accessible, a vu la mobilisation de 150 femmes de 14 pays africains.  Ensemble, elles ont partagé leurs expériences communes, formulé des questions urgentes et échangé des histoires. L’organisation a défendu les pratiques agricoles autochtones, préconisé des solutions énergétiques propres adaptées aux femmes africaines et fait écho de la demande de réparations pour les dettes climatiques et écologiques que les communautés africaines ont historiquement supportées. Un aspect crucial de leur collaboration a été l’analyse collective des fausses solutions et le plaidoyer pour la promotion de l’agroécologie, soulignant l’importance de la culture et de la préservation des semences indigènes, ainsi que la nécessité d’honorer les pratiques locales et culturelles de l’agriculture biologique.  Affirmant l’importance d’honorer ces pratiques culturelles et de corriger les torts historiques et actuels causés à la région, l’organisation exige : « des réparations pour la dette climatique et écologique historique et actuelle qui est due à l’Afrique et à nos communautés. »

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la COP28, des organisations comme Kebetkache réécrivent les récits.  Elles élaborent des récits percutants en dehors des forums établis, incarnant l’essence de la défense des intérêts des communautés et annoncent une nouvelle ère de changements et de solutions véritables.

En savoir plus sur les travaux de l’Assemblée des femmes africaines pour le climat et de la Contre-CoP des peuples africains : 

L’Alliance mondiale pour l’action verte et l’égalité des genres (GAGGA) sera présente à la COP28, entre le 30 novembre et le 12 décembre 2023, avec une délégation. Participez à notre événement parallèle, “Gender Just Climate Policy & Finance: From Barriers to Actionable Solutions,” dimanche 3 décembre. Nous approfondirons les thèmes centraux de cet article. Pour toute possibilité de collaboration et pour en savoir plus, veuillez contacter Noemi Grütter, Co-coordinatrice de GAGGA et responsable de plaidoyer et collaborations de GAGGA: n.grutter@fondocentroamericano.org. Pour plus d’informations sur cet article et le travail du Centre de développement et de ressources pour les femmes de Kebetkache, puis pour vous connecter directement, contactez Emem Okon, directeur exécutif du Kebetkache Women Development & Resource Centre, à l’adresse emem.bridget@kebetkachewomencentre.com, ou Nsemeke Fabian, responsable de la communication du Kebetkache Women Development & Resource Centre, à l’adresse fabian@kebetkachewomencentre.com.

Cet article et les actions de GAGGA dans le cadre de la COP28 sont soutenus par Affaires mondiales Canada et le ministère néerlandais des Affaires étrangères. Leurs contributions ont été déterminantes dans les efforts de GAGGA pour mettre en lumière les questions et les voix critiques lors de la COP28.


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