Publié le mai 25, 2020

Un message de notre direction à propos du COVID-19

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« Je crois que cette situation est difficile pour nous tous, nous la vivons depuis différents contextes, les situations et les lieux sont différents, mais c’est justement dans ces moments que nous rendons tout son sens au mot « communauté » et que nous pouvons exercer notre droit à nous organiser, à nous embrasser en tant que sœurs, et à nous rappeler que nous ne sommes pas seules. N’oublions pas que, ensemble, nous sommes invincibles ; que, depuis notre communauté ou notre territoire, nous résistons, nous insistons, nous persistons et nous ne renonçons jamais. » 

— Yoseling Guardado, Colectiva Feminista para el Desarrollo Local, El Salvador


Dans l’ensemble du réseau GAGGA, nous observons comment le COVID-19 aggrave les conflits existants et empire les situations de pénurie, ce qui frappe de plein fouet nos communautés et nos formes d’organisation. Dans plus de 60 enregistrements audio, nos partenaires en Amérique latine, en Asie et en Afrique partagent des témoignages similaires de répression, d’exclusion, de violence et d’insécurité alimentaire aggravées par la pandémie.

À une époque où il est essentiel de se laver les mains, l’accès à l’eau propre est hors de la portée de certaines communautés dans des pays comme la Bolivie, le Salvador, la Géorgie, l’Indonésie, l’Ouganda. Aux Philippines, le gouvernement multiplie les contrôles par l’armée et le coronavirus lui sert de prétexte pour empêcher la population d’accéder aux terres de leurs ancêtres. Dans le Delta du Niger, où l’eau est polluée par les hydrocarbures et les activités pétrolières depuis des décennies, les veuves sont exclues de l’aide gouvernementale. C’est également le cas de groupes marginalisés au Paraguay, au Népal, en Inde. Au Guatemala, où les sources ont séché ou ont été accaparées par les entreprises nationales et transnationales, les femmes rurales sont victimes de menaces d’expulsion, d’une présence policière accrue et de violence de genre.

Ces voix qui nous parviennent de communautés partout dans le monde nous montrent aussi les capacités d’adaptation et de réaction à ces nouvelles réalités, de la capacité des femmes à prendre les commandes en cas de crise, d’une perspective solidaire et collective. Les partenaires GAGGA ont unis leurs forces pour échanger des aliments et des services, pour organiser des corvées de courses collectives, fabriquer des masques, offrir un soutien financier aux plus vulnérables, disséminer des informations et renforcer les systèmes de production alimentaire, source de médicaments traditionnels et d’aliments sains.

Les femmes défenseures de l’environnement ont pavé la voie d’un futur meilleur dont la priorité est le bien-être des personnes et de la planète plutôt que l’argent, ce qui nous montre qu’il est possible de vivre de manière durable des ressources de la terre plutôt que de les extraire, partageant cette sagesse ancestrale et autochtone selon laquelle le destin des humaines est lié à celui de la terre. Il est urgent de faire en sorte que toutes les voix puissent être entendues dans le dialogue sur les réponses à cette crise à court et moyen terme, y compris celle des femmes autochtones, afro descendantes et rurales, comme aussi de jeunes femmes, pour qu’un nouveau futur voie le jour.

Le réseau GAGGA peut appuyer les mouvements et communautés locaux, même en temps de crise, parce que nos organisations partenaires accompagnent et sont dirigées par ces communautés où elles interviennent. Ils comprennent les besoins des communautés et les solutions qui fonctionnent dans ce contexte, ils ont la flexibilité qui leur permet de s’adapter aux variations des priorités, par exemple lors d’une pandémie mondiale. Au sein du réseau, nous avons pris conscience que bon nombre de femmes défenseures de l’environnement ont dû faire face à des risques accrus en ce qui concerne leur sécurité et celle de leur famille et de leur communauté. Plus que jamais, nous devons appuyer les femmes défenseures de l’environnement. Dans le cas contraire, si leurs droits humains ne sont pas protégés en priorité, nous mettons en péril nos mouvements et toute possibilité de générer des changements positifs.

Nous vous invitons à écouter les témoignages audio de membres de la GAGGA à travers le monde en cliquant sur les liens ci-dessous, pour découvrir des solutions et alternatives pratiques adoptées pour répondre à la crise, qui peuvent nous guider vers un futur basé sur la solidarité et le bien-être des personnes et de la planète.

Voici une liste brève des systèmes de réponse mis en place par les partenaires GAGGA face à la COVID-19:

  • Création d’économies alternatives basées sur les échanges de produits, de graines et de services, les corvées de courses collectives, l’appui financier aux plus nécessiteux par le biais de systèmes communautaires
  • Renforcement et restauration des systèmes alimentaires à des fins de stabilité écologique, de médecine traditionnelle et d’un régime nutritionnel sain protégeant les défenses immunitaires et la souveraineté alimentaire
  • Information dans des régions où les médias n’arrivent pas au moyen de radios communautaires, des journaux, des réseaux sociaux et d’affichages
  • Mise en pratique de soins personnels et collectifs et redécouverte du concept de « communauté »
  • Poursuite des activités de plaidoyer et des octrois de subventions aux personnes affectées par la COVID-19
  • Maintien du contact et suivi de la situation avec les communautés malgré la distanciation sociale et les difficultés de communication, souvent par le biais de nouveaux outils
  • Dénoncer les violations et les attaques contre les droits humains perpétrées par les gouvernements sous couvert des mesures de lutte contre le coronavirus

Nous souhaitons remercier tous les partenaires qui ont pris le temps de partager leurs réalités, leurs approches et leurs points de vue avec nous. Dans la GAGGA, nous voulons faire partie et soutenir des actions collectives sur la base de nos expériences d’intervention en temps de crise tout en construisant un futur égalitaire et inclusif. En reprenant les mots de notre compañera, la défenseure environnementale et féministe Betty Rivera du Movimiento Ambientalista Santabarbarense – Honduras:


« Prenons le temps de lire, d’écouter de la musique, de prendre soin de notre jardin. D’échanger des graines avec nos voisins. Développons des pratiques qui nous empêchent de nous déconnecter de la vie, des sentiments et de la vie. Pour ne pas nous déconnecter du besoin urgent et du fait que la communauté est essentielle, que l’organisation collective est essentielle. Prenons le temps de rêver, même en temps de crise. De construire l’espoir au temps des pénuries. De construire la joie et l’amour même lorsqu’on nous dit que « la fin du monde » approche. Et unissons-nous ! …Ne nous laissons pas démobiliser, ne laissons pas que nos corps et nos esprits soient envahis par le pessimisme. Au contraire, soyons heureux. Mettons de l’art et de la musique dans notre travail au quotidien, dans la solidarité et la fraternité. Parce même en temps de crise nous avons des rêves et de l’espoir. » 


 

Carla, Danielle y Zohra

Les directrices exécutives du Fondo Centroamericano de Mujeres (FCAM), de Both ENDS et de Mama Cash (membres de l’Alliance GAGGA)

Vous pouvez écouter ce que nos partenaires du réseau GAGGA ont à partager dans ces podcasts et récits audio individuels (sous-titres et transcriptions en français disponibles):

Vous pouvez lire quelques déclarations de nos partenaires et alliés ici:

Pour afficher les ressources relatives aux soins et à l’activisme au temps de la distanciation physique, cliquez ici