Le lac Titicaca, dans les hauts plateaux andins, est le plus grand bassin d’eau douce d’Amérique du Sud. Il représente une source de vie, de ressources et d’identité pour ceux qui vivent et résistent à ses côtés. Environ 10% de la population bolivienne vit sur les rives de cet espace naturel précieux. Le lac est sacré pour le peuple Inca, et au cours des dernières décennies, la région bolivienne du lac a été confrontée à une crise. Là où autrefois l’eau était facile à trouver, coulant des collines et à une profondeur de seulement deux mètres de la surface, il faut maintenant forer jusqu’à 40 mètres pour trouver de l’eau. Non seulement l’eau est rare aujourd’hui, mais le lac est également contaminé.
Dans la communauté de Bahía Cohana, il existe trois sources d’eau naturelle sûres à partir desquelles l’eau destinée à la consommation humaine est distribuée. Chaque année, de juin à décembre, lorsque la température descend jusqu’au point de congélation, l’eau se raréfie et la petite quantité que l’on peut trouver est contaminée. Bien que la communauté ait mis en œuvre des stratégies pour collecter l’eau, celle-ci n’est pas potable et sa consommation représente un risque grave pour la santé des familles.
Les jeunes femmes de la communauté travaillent au renforcement de l’organisation Centro Juvenil de Mujeres Cohana (Centre des jeunes femmes de Cohana) et à la défense du lac Titicaca et de ses richesses naturelles. Compte tenu des pénuries d’eau, elles ont fait avancer l’installation de réservoirs pour récolter l’eau de pluie – dont chacun a une capacité allant jusqu’à 12 000 litres. Actuellement, plus de 100 familles ont déjà fait installer un réservoir.
Les femmes Cohana donnent également des formations sur l’utilisation efficace de l’eau et la bonne gestion de l’eau, impliquant les familles, les écoles et la communauté locale. De plus, elles rétablissent des connaissances ancestrales de leurs « grands-mères, qui avaient beaucoup de respect pour l’eau. [Les femmes Cohana] chantent pour la pluie, l’eau et la nature. » Une partie de leur stratégie de plaidoyer comprend également la réalisation de programmes radio pour sensibiliser le public à la gestion de l’eau.
Le Cohana Women’s Youth Center (Centre des jeunes femmes de Cohana) demande aux autorités municipales et nationales que le gouvernement reconnaisse que la rareté et la contamination de l’eau affectent la survie du lac et des familles qui y vivent. Les femmes demandent également à l’État bolivien et aux décideurs de prendre des mesures pour faciliter l’accès aux systèmes d’égouts, ainsi que pour garantir que toutes les familles puissent avoir accès à une eau de bonne qualité et en quantité suffisante pour la consommation familiale et les activités de production durable.