Publié le novembre 9, 2023

Du local au mondial : Les voix autochtones dans les dialogues sur le climat

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Au travers des terres du Guatemala, le Consejo de Mujeres Indígenas y Biodiversidad (Conseil des femmes autochtones et de la biodiversité, CMIB), une plateforme réunissant des organisations de femmes autochtones travaillant sur la biodiversité et le changement climatique, fait preuve de résilience. En tant que porteuses du flambeau des droits et des voix des femmes autochtones, elles ont tissé ensemble les expériences locales pour se faire l’écho de celles-ci lors de forums mondiaux tels que la COP28.

« Nous espérons que l’État du Guatemala restera fidèle à ses engagements, pris lors de la COP28. En effet, grâce aux mesures adoptées, les fonds obtenus pour lutter contre le changement climatique devraient être allouées principalement à des actions locales, notamment pour les groupes vulnérables tels que les femmes autochtones, » a déclaré le CMIB. Il ne s’agit pas seulement d’atténuer les effets du changement climatique, mais également de travailler sur une stratégie de gestion de la pérennité environnementale en mettant l’accent sur la souveraineté et la sécurité alimentaire des femmes autochtones, confrontées aux effets du changement climatique.

Ayant traversé les arènes de la COP à deux reprises, le CMIB a mis en lumière les réalités obsédantes auxquelles les femmes autochtones sont confrontées quotidiennement.  Les migrations, les changements d’identité, les maladies et les sécheresses ne sont pas de simples statistiques.  Il s’agit d’expériences vécues. En rassemblant ces expériences vécues, leurs alliances stratégiques avec des groupes régionaux de femmes autochtones visent à présenter un front uni dans des espaces mondiaux tels que la COP28 puis à amplifier la voix collective de ceux qui sont trop souvent réduits au silence. 

Toutefois, le fossé entre ces délibérations internationales sur le climat et les mouvements communautaires est flagrant et, en ce qui concerne la représentation des femmes autochtones dans ces forums mondiaux, le paysage reste sombre. « Les débats mondiaux ou les espaces internationaux auxquels les femmes autochtones peuvent participer sont très limités. » Dans ces espaces, ce sont les États qui ont la parole et le pouvoir de décision sur les nouvelles politiques mondiales en matière de changement climatique, entre autres.  Par conséquent, dans beaucoup de ces espaces, les femmes autochtones ne sont pas représentées », déplore le CMIB. Pour y remédier, le Conseil souligne l’importance d’offrir aux femmes autochtones des possibilités de formation sur les subtilités et les négociations sur le climat à l’échelle mondiale, afin de comprendre et d’influencer les décisions gouvernementales. 

Il est urgent que les groupes de femmes autochtones ne se contentent pas de participer à ces dialogues, mais qu’il y est un véritable engagement de leur part. Et si les portes de forums mondiaux tels que la COP28 semblent moins ouvertes, d’autres voies s’offrent à nous. « Les limites sont marquées par un manque d’espaces pour une participation effective. Il est difficile de faire partie de la délégation officielle d’un État.  Il n’y a pas d’accès au dialogue sur le changement climatique. Par conséquent, il est nécessaire de rechercher des alliances stratégiques avec des peuples autochtones qui dirigent les espaces mondiaux sur les questions de changement climatique, tels que le Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique, le Caucus Indigna, etc… Nous pensons que nous devons établir des alliances stratégiques nationales, régionales et mondiales pour promouvoir des actions qui permettent l’égalité et la justice climatique pour les femmes autochtones » affirme l’organisation.

Bien que les projecteurs de la COP28 soient principalement braqués sur les chefs d’État et les décideurs politiques mondiaux, il est impératif de ne pas oublier les efforts inlassables d’organisations telles que le CMIB.  Leur mission, ancrée dans les expériences des femmes autochtones, transcende les limites de la COP et vise un horizon où ces femmes ne sont pas seulement des participantes mais sont reconnues comme des actrices essentielles du changement.

L’Alliance mondiale pour l’action verte et l’égalité des genres (GAGGA) sera présente à la COP28, entre le 30 novembre et le 12 décembre 2023, avec une délégation. Participez à notre événement parallèle, “Gender Just Climate Policy & Finance: From Barriers to Actionable Solutions,” dimanche 3 décembre. Nous approfondirons les thèmes centraux de cet article. Pour toute possibilité de collaboration et pour en savoir plus, veuillez contacter Noemi Grütter, Co-coordinatrice de GAGGA et responsable de plaidoyer et collaborations de GAGGA: n.grutter@fondocentroamericano.org. Pour en savoir plus sur le sujet de cet article et sur le travail du Consejo de Mujeres Indígenas y Biodiversidad, puis pour vous connecter directement, contactez Violeta Quinteros à l’adresse suivante : c.mujeresindigenas@gmail.com

Cet article et les actions de GAGGA dans le cadre de la COP28 sont soutenus par Affaires mondiales Canada et le ministère néerlandais des Affaires étrangères. Leurs contributions ont été déterminantes dans les efforts de GAGGA pour mettre en lumière les questions et les voix critiques lors de la COP28.