Les femmes de Mazvihwa restaurent leurs terres et leurs eaux


Le Zimbabwe était autrefois connu comme le grenier à blé de l’Afrique australe, mais le changement climatique, les pratiques agricoles inefficaces et les crises économiques l’ont transformé en un désert aride. En 2019, l’Afrique australe a connu la pire sécheresse depuis 40 ans, avec des températures qui ont augmenté deux fois plus vite que le taux mondial global et des pluies de plus en plus irrégulières. Ces changements ont provoqué une pénurie d’eau dans un pays où la majorité de la population rurale dépend de l’agriculture pluviale pour assurer sa subsistance.

Mazvihwa se trouve dans une région du sud du Zimbabwe très habituée à la sécheresse. Considérée comme la région la moins productive du pays, ses sols pauvres et ses pénuries d’eau régulières la rendent plus adaptée à l’élevage de bétail et de gibier qu’aux cultures. Ainsi, lorsque la grave sécheresse a frappé le Zimbabwe et que de nombreux membres de la communauté n’avaient pas d’autre choix pour gagner leur vie, des femmes et des hommes ont commencé à creuser des mares asséchées à la recherche d’or dans une région riche en minéraux et en mines. Cet orpaillage a contribué à l’envasement des rivières et à la raréfaction de l’eau, sans compter la contamination causée par l’absence de toilettes adéquates, les pratiques agricoles inefficaces et la mine d’or de Sabi, toute proche.

La mine d’or de Sabi draine l’eau de la rivière pour ses activités et y rejette des produits chimiques nocifs comme le mercure et le cyanure. Les déchets sont toxiques pour la santé des personnes et provoquent l’eutrophisation de la rivière, ce qui affecte davantage la qualité de l’eau et tue la vie aquatique. C’est de cette eau que dépendent près de 1 000 foyers le long de la rivière Lundi à Mazvihwa pour leur consommation et leurs tâches quotidiennes, et ils doivent marcher au moins 10 kilomètres pour y accéder. Leur gouvernement n’a pas foré de nouveaux puits dans la région depuis 21 ans et n’a pas réparé régulièrement les quelques puits qui restent.

Pour améliorer l’accès à l’eau à Mazvihwa, les femmes de la communauté font pression sur les sociétés minières locales pour qu’elles creusent davantage de puits de forage. Avec le soutien de l’organisation communautaire Muonde Trust, elles mettent également en œuvre des techniques de collecte de l’eau conçues pour s’adapter à leur contexte et contribuer à régénérer les puits de forage. Les responsables de la collecte de l’eau de Muonde Trust sont elles-mêmes des femmes de la communauté.

Dans le passé, le gouvernement colonial avait obligé les communautés à construire de petites buttes de terre sur leurs terres pour empêcher l’érosion du sol, mais celles-ci n’étaient pas conçues pour fonctionner avec le sol local et le ruissellement asséchait les terres des communautés et ensablait les rivières. Cinquante ans plus tard, Muonde Trust et les femmes de la communauté remplacent ces buttes par des systèmes de stockage de l’eau et une technique appelée « contour de niveau mort » qui optimise l’écoulement de l’eau et utilise l’eau pour irriguer les cultures par gravité.

Comme alternative à l’orpaillage, les femmes de Mazvihwa ont commencé à générer des revenus grâce à la foresterie analogique, une méthode d’agroforesterie qui restaure la productivité des terres dégradées en imitant la forêt autochtone d’origine. La foresterie analogique fournit de nouvelles sources de nourriture et de revenus, tout en rendant le sol fertile et en augmentant la rétention et la qualité de l’eau.

Avec le soutien de la Global Alliance for Green and Gender Action (GAGGA) et les conseils techniques du Centre for Nursery Development and Eru Propagation (CENDEP – Centre pour le développement des pépinières et la propagation des arbres), les femmes de Mazvihwa restaurent et cultivent des espèces traditionnelles et exotiques. Les femmes ont amélioré leurs connaissances sur les arbres, et ont appris comment les pois yeux noir (ou niébé) offrent un microclimat propice à la croissance de certaines espèces d’arbres. Comme le processus de restauration par le biais de la foresterie analogique prend du temps, les femmes peuvent récolter les pois yeux noirs chaque année pour les vendre, et ainsi recevoir des revenus et créer un club d’épargne et de prêt, tout en espérant des gains plus importants à l’avenir.

 

Cette communauté de Mazvihwa est soutenue par Muonde Trust, un partenaire du Réseau international de foresterie analogique) qui fait partie du réseau de la Global Alliance for Green and Gender Action. Pour en savoir plus sur le travail de Muonde Trust, cliquer ici.

Illustration par Naadira Patel @studiostudioworkwork.


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